Camillo Sitte : Le précurseur du culturalisme

Redonner une place centrale à l’art et à l’histoire dans la ville, entre héritage du passé et modernité.

Annonce du modèle

Camillo Sitte est un architecte et urbaniste autrichien du 19ème siècle (1843-1903) qui propose une approche innovante de l’aménagement des villes modernes. Contrairement aux urbanistes de son époque qui privilégient le gigantisme et la régularité, Sitte veut laisser place à l’art et mettre en avant les monuments historiques au sein des villes. Il base sa pensée sur une citation d’Aristote qui dit “qu’une ville doit être bâtie de façon à donner à ses habitants sécurité et bonheur”, le bonheur étant provoqué selon Sitte par l’esthétisme de l’environnement urbain.

Son modèle d’urbanisme découle d’un constat et d’une critique de la tendance à aménager les villes selon des plans uniformes, une pratique courante dans l’urbanisme du XIXᵉ siècle, comme en témoigne le plan Cerdà de Barcelone proposé en 1860.  Sitte a pris l’exemple de Vienne, sa ville natale, plus en particulier celles liées au développement de la Ringstrasse, le grand boulevard construit sur les anciennes fortifications de la ville.

Sitte prône sa vision et sa critique dans son ouvrage L’Art de bâtir les villes, publié en 1902. Il y propose de s’inspirer des villes antiques italiennes, où les places publiques, les rues sinueuses et les perspectives variées sont à privilégier. Cela passerait aussi par une intégration harmonieuse des monuments en opposition aux standards de l’urbanisme moderne. En cela, il se positionne comme l’un des précurseurs du culturalisme avec son ouvrage devenu une référence dans l’urbanisme.

Principe du modèle

Le modèle d’urbanisme de Camille Sitte repose sur une critique des principes modernes d’aménagement des villes en proposant une approche s’inspirant des modèles historiques. Son approche vise à réconcilier esthétique, fonctionnalité et bien être des habitants n’étant selon lui plus d’actualité.

Sitte s’oppose à la tendance du gigantisme des infrastructures modernes ainsi qu’au vastes avenues et places uniformes créent un sentiment de déshumanisation et de banalité faisant perdre le charme de la ville. Il préfère des espaces plus irréguliers et organiques, à l’image des centres historiques, qui offrent un intérêt esthétique et renforcent l’identité des lieux. Ainsi, il met en avant l’importance de concevoir des villes adaptées aux courbures naturelles du paysage, évitant les tracés rectilignes qui selon lui manquent de charme et d’originalité. Cette une approche serait plus instinctives en s’inspirant des modèles anciens ne suivant que leur instinct sans objets de mesure et règles strictes à adopter. C’est par cette rigueur des plans modernes imposant des symétries que la créativité architecturale s’est perdue.

Les places occupent une place centrale dans la pensée de Sitte. Il souhaite opter pour des espaces clos, capables de créer une harmonie visuelle qui permettrait de mettre en avant les monuments qui les entourent. Contrairement à l’idée moderne de centraliser les monuments, il préconise de les positionner en périphérie des places pour mettre en avant leur esthétisme, comme par exemple la fontaine des Innocents à paris ou encore les églises romaines historiquement situées sur les angles de celles-ci.

Camillo Sitte insiste également sur la dimension sociale et politique des espaces publics dans son modèle. Les places doivent selon lui redevenir des lieux vivants d’échanges, de rassemblements et de représentations culturelles. Il valorise l’animation et la diversité d’usages qui faisaient autrefois le charme des villes qui exerçaient leur fonctions essentielles.

Localisation du modèle

Exemples :

Modene, Italie

(Source : https://unt.univ-cotedazur.fr/uoh/espaces-publics-places/approfondissement-theorique-les-fondements-esthetiques-de-la-composition-dune-place-c-sitte/)

Piazza della Basilica di San Lorenzo, Florence, Italie

(Source : https://earth.google.com)

Piazza della Signoria, Florence, Italie

(Source : https://earth.google.com)

Conclusion

Le modèle proposé par Camillo Sitte constitue une alternative aux principes modernes, en mettant l’accent sur l’harmonie entre les espaces urbains et le bien-être des habitants. Sa démarche cherche à concilier esthétique, fonctionnalité et intérêt collectif, en s’inspirant des modèles historiques et des formes naturelles. Il valorise le charme de l‘irrégularité et l’authenticité, tout en rejetant la monotonie de l’uniformité et la rigidité de la symétrie. Sitte souhaite également restaurer la fonction première des places publiques, autrefois lieux de partage et de rassemblement, mais qui sont aujourd’hui souvent réduites à de simples espaces de passage.

Cependant, à l’époque actuelle, l’urbanisme est fortement encadré par des lois et des règlements strictes, conçus pour répondre à des enjeux contemporains qui diffèrent de ceux du passé. La mise en oeuvre d’un tel modèle s’avérerait donc complexe, notamment en raison des exigences liées à la densité urbaine, aux infrastructures modernes et aux impératifs écologiques.

Auteurs : DUMAS Lauryne, BOUGRIER Louisa

Sources

Camillo Sitte – (2023) – Wikipédia – (https://fr.wikipedia.org/wiki/Camillo_Sitte).

Approfondissement théorique : les fondements esthétiques de la composition d’une place selon C. Sitte – Université de Nice – (https://unt.univ-cotedazur.fr/uoh/espaces-publics-places/approfondissement-theorique-les-fondements-esthetiques-de-la-composition-dune-place-c-sitte/).

Synthèse de texte de Camillo Sitte – (2024) – Lauryne Dumas, Jonathan Garriel et Louisa Bougrier – 4p.

Extrait de L’Art de bâtir les villes – (1902) – Camillo Sitte – 17p.