Aujourd’hui encore les réflexions de Colin Buchanan, formulées il y a plus de soixante ans, conservent une pertinence remarquable.

En effet, les villes contemporaines sont confrontées aux défis comme la congestion automobile, à la pollution et à la dégradation de la qualité de vie urbaine, les propositions de Buchanan apparaissent comme précurseurs des politiques de mobilité durable.
Colin Buchanan, né en 1907 et mort en 2001, est un ingénieur civil et urbanisme britannique. Il se spécialise dans le transport urbain et est connu pour son rapport Traffic in Towns de 1963 qui est une étude majeure sur l’impact de la croissance automobile dans les villes britanniques. Ce rapport est commandé par le ministère des Transports qui souhaite une analyse des défis liés à la circulation urbaine et des solutions pour concilier mobilité et qualité de vie des habitants. Il a posé les bases d’une approche intégrée de la circulation en ville, anticipant des problématiques qui se sont amplifiées avec l’urbanisation et la motorisation de masse qui a profondément influencé la planification urbaine en Europe dans les années 1960-1970.
Il évolue dans une Europe en pleine mutation. La croissance économique et la production de masse démocratisent l’automobile et transforment les modes de vie. Les villes organisées pour les piétons et les transports collectifs, se retrouvent saturées par l’augmentation des flux automobiles. Les rues étroites des centres historiques ne sont plus adaptées, entraînant embouteillages, nuisances sonores, pollution et risques pour les piétons.
Face à cette situation, Buchanan identifie une contradiction majeure : comment préserver la qualité de vie urbaine tout en intégrant la liberté offerte par la voiture ?
1) La vision BUCHANAN
L’idée centrale de Buchanan retranscrite dans son œuvre Traffic in towns, est la suivante : une ville ne peut pas absorber indéfiniment la croissance de l’automobile. Ainsi, pour lui il est urgent d’organiser l’espace urbain pour séparer les voitures des espaces de vie pour éviter les nuisances que la circulation engendré.
Il faut bien comprendre que Colin Buchanan n’est pas anti-voiture, seulement il est inquiet du fait que les villes ne soient pas adaptées et prêtes à l’explosion de l’industrie automobile. Le rapport Traffic in towns met en lumière les dangers d’une ville dominée par la voiture et propose un nouveau modèle de planification urbaine afin que les villes puissent accueillir le flot grandissant d’automobiles. Son plan mêle infrastructures, zonage et priorisation de l’espace public.
En matière d’infrastructure, Colin Buchanan propose une séparation spatiales des deux principaux modes de déplacement en ville a son époque à savoir les voitures et piétons.
Il décrit des passerelles piétonnes, des trottoirs élargis et les rues les plus étroites du centre réservées aux piétons, et pour les automobiles, il pense aux ponts, aux tunnels et à une hiérarchie du réseau routier pour éviter les conflits entre flux et limiter les embouteillages : des voies rapides (périphériques), des avenues collectrices ou encore des voies locales, l’ensemble connecté par des voies d’insertion.
Il a aussi réfléchi aux espaces de stationnement. En effet dans son modèle il inclut des parkings aérien et souterrain sur de multiples étages un peu partout dans la ville, au niveau des centre commerciaux, des grandes stations de métro ou des gares. Pour poursuivre dans son idée de séparation spatiale, il décrit aussi des zones protégées du trafic qu’il nomme “environnemental area”. Ce sont des quartiers dans lesquels la valeur est accordée au confort, au silence et à la sécurité.
Nous pouvons aussi souligner l’avant-gardisme de Colin Buchanan avec, dans ses textes une préfiguration des zones de rencontres (limitées à 30 km/h), et des périphériques ce qui traduit son excellente vision de l’évolution des villes en terme d’étalement urbain par exemple.
2) Un exemple :
Barcelone : une ville qui illustre la vision de Buchanan
localisation : (41.3946361, 2.1762428)
Plutôt que d’élargir les routes, Barcelone a choisi la réhabilitation et la piétonnisation de ses espaces historiques. Ceci a pour effet de protéger son identité architecturale tout en améliorant la qualité de vie de ses habitants. Le réseau routier de Barcelone est structuré en grille orthogonale avec des îlots réguliers, cette organisation réussit à concilier la mobilité et la qualité de vie. Cette stratégie s’inscrit parfaitement dans la logique du rapport Traffic in Towns de Colin Buchanan.

Les recommandations de Buchanan sont la séparation des flux et une hiérarchisation des voiries pour gérer la croissance automobile, elles sont tels que :
- D’une part les Axes principaux pour le trafic de transit.
- D’autres part Voies secondaires pour la desserte locale.
Cette hiérarchie est visible sur la carte : les larges diagonales coupent la trame pour absorber les flux majeurs.
Buchanan insistait sur la nécessité de protéger les zones résidentielles et piétonnes des nuisances automobiles. Barcelone a été conçue avec des îlots ouverts et des espaces intérieurs pour la vie locale. Le trafic est alors concentré sur les grands axes périphériques et diagonaux.
3) La conclusion
Les réflexions de Colin Buchanan dépassent largement leur contexte historique. En anticipant les effets de la motorisation massive, il a posé les bases d’une approche durable de la mobilité urbaine. Ses idées comme la séparation des flux, la hiérarchisation des voiries et la protection des espaces de vie résonnent aujourd’hui dans les politiques de piétonnisation, les zones à faibles émissions et les plans de mobilité. Buchanan nous rappelle que la ville doit rester un espace pour l’humain avant tout, et que l’innovation en matière de transport doit servir la qualité de vie.
Sources :
recherches :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Buchanan
site : souslesjupesdelamétropole
image :
https://fr.freepik.com/vecteurs-premium/plan-ville-minimale-barcelone-espagne-europe_19983721.htm
https://www.microsoft.com/fr-fr/microsoft-copilot/organizations