D’une ancienne caserne militaire à un quartier durable: découvrez Vauban.
L’écoquartier Vauban, situé à Fribourg-en-Brisgau en Allemagne, est reconnu comme l’un des projets urbains les plus emblématiques en matière de développement durable en Europe. Conçu à partir de 1998 sur le site d’une ancienne caserne militaire française, il illustre une approche innovante de l’urbanisme, centrée sur la réduction de l’empreinte écologique et la qualité de vie de ces habitants. Ce quartier se distingue par ses bâtiments à haute performance énergétique, l’utilisation massive des énergies renouvelables, et une organisation favorisant la mobilité douce, notamment grâce à la priorité donnée aux piétons, aux vélos et aux transports en commun.
Le plan d’aménagement urbain de ce quartier a été conçu à la suite d’un concours d’idées lancé par la ville et remporté par le bureau d’architectes Kohlhoff & Kohlhoff. Leur projet a servi de base pour le développement du quartier et a été adopté en 1997 comme plan directeur. Vauban est également un exemple de participation citoyenne, la réalisation des bâtiments s’est faite en majorité par des groupes d’habitants en collaboration avec des ingénieurs ainsi que des architectes. L’ensemble du quartier a été conçu par une approche collaborative
Vauban incarne un modèle d’urbanisme en avance sur son temps: durable, alliant performance énergétique, mobilité douce et forte implication citoyenne.
Les principes fondamentaux du modèle
Un modèle de mobilité douce
Le modèle repose sur une réduction radicale de la place de la voiture en ville. La circulation motorisée est fortement limitée, les rues sont pensées en priorité pour les piétons et les cyclistes, et le stationnement est déporté vers des parkings collectifs situés en périphérie. Ce système entraîne un faible taux de motorisation, car les déplacements du quotidien se font principalement à pieds, à vélo ou en transports en commun.
Les anciennes voiries automobiles sont transformées en espaces de rencontre, où la voiture n’est tolérée qu’à très basse vitesse et où les piétons ont la priorité.
Ce modèle constitue aujourd’hui une référence internationale pour la mobilité durable, en montrant comment la réduction du trafic peut créer un environnement urbain plus sûr, plus calme et plus convivial.
Une forte efficacité énergétique.
Un autre pilier de l’écoquartier Vauban repose sur la très haute efficacité énergétique des bâtiments. Il s’appuie sur la construction de logements répondant à des standards exigeants dans deux domaines : D’abord, une consommation énergétique minimale, obtenue grâce à une isolation efficace, et une architecture optimisant les apports solaires ; mais également une production locale d’énergies renouvelables, notamment via des toitures photovoltaïques.
Dans ce modèle, l’idée est de rendre les bâtiments entièrement autonomes énergétiquement et idéalement, produire plus d’énergie qu’il n’en est nécessaire à la consommation propre du bâtiment.
Une forte participation citoyenne.
Enfin, ce modèle urbain repose sur une participation citoyenne structurée comme élément central de son fonctionnement. Les habitants sont intégrés aux décisions et à la gestion du quartier à travers des coopératives, des groupes d’habitants et des forums participatifs.
Ce système d’autogestion permet de confier aux résidents davantage de responsabilités et de les placer au cœur de la gestion des différents espaces. En plaçant les habitants au centre du pilotage quotidien, ce modèle vise à renforcer la cohésion sociale, favoriser l’autonomie locale et instaurer un cadre de vie fondé sur l’implication collective.
Représentation visuelle du modèle

Exemple concret d’application du modèle

Hammarby Sjöstad est un quartier de Stockholm né dans les années 1990 sur la base d’une ancienne zone industrielle et portuaire. Il s’inspire du modèle de l’écoquartier Vauban de Fribourg tout en développant une approche propre, le Hammarby Model.
Ce système relie énergie, eau et déchets dans une boucle circulaire: les déchets organiques produisent du biogaz utilisé pour le chauffage et les bus, les eaux usées sont traitées et réutilisées pour l’irrigation et la production d’énergie, tandis que les déchets non recyclables sont valorisés énergétiquement.
L’urbanisme reprend le principe de mixité fonctionnelle, avec logements, commerces et bureaux intégrés dans un tissu compact favorisant les mobilités douces. Les espaces verts et les berges du lac Hammarby en font un cadre de vie attractif. Sur le plan social, le quartier encourage la mixité grâce à une diversité de logements et à l’implication des habitants dans la gestion locale.
A la manière de l’écoquartier Vauban fondé sur une ancienne base militaire, il démontre qu’une friche industrielle peut devenir un quartier moderne, écologique et agréable, il s’impose aujourd’hui comme une référence mondiale en matière d’écoquartier.
Conclusion
Le modèle de l’écoquartier Vauban et son influence sur Hammarby Sjöstad ont marqué l’urbanisme durable par des principes forts : sobriété énergétique, mobilité douce, mixité fonctionnelle et implication citoyenne. Ces éléments restent pertinents aujourd’hui : la réduction de la voiture, la priorité aux piétons et vélos, et la performance énergétique des bâtiments sont des piliers incontournables face aux enjeux climatiques.
L’intégration des énergies renouvelables et la conception collaborative renforcent la cohésion et l’acceptation des projets par les habitants. Cependant, certains aspects doivent être réévalués : la dépendance à des standards techniques stricts et à une forte participation citoyenne, bien que très vertueuse, peut empêcher une réalisation à plus grande échelle.
De même, la vision de départ, très centrée sur l’échelle locale, ne prend pas toujours en compte certains défis mondiaux actuels, comme la densification croissante des villes ou le développement des services numériques dans l’espace urbain. Ces modèles restent néanmoins une source d’inspiration importante, mais ils doivent évoluer vers des approches plus souples, capables d’intégrer la gestion circulaire des ressources, une utilisation plus raisonnée du numérique et des formes de gouvernance combinant acteurs publics et citoyens afin de répondre aux besoins actuels. Vauban et Hammarby demeurent des références en matière d’urbanisme durable, mais leur application nécessite aujourd’hui une adaptation aux contraintes économiques, sociales et environnementales contemporaines.