L’accroche :
Xenakis se questionne sur un thème encore assez persistant de nos jours, le problème de décentralisation des villes : “La décentralisation conduit a un éparpillement des centres, a une augmentation de la longueur des voies et de la durée des échanges”. Il évoque un moyen d’y remédier grâce à son modèle.
Iannis Xenakis né en mai 1921 en Roumanie et mort en février 2001 était un célèbre compositeur, architecte et ingénieur Français d’origine Grecque. Il a passé toute son enfance a Braila située dans la partie orientale de la Roumanie, près du delta. Son père, Clearchos Xenakis, fils de paysan, est directeur d’une agence anglaise d’import-export et sa mère, Photini Pavlou, francophone et germanophone, aime jouer du piano, elle lui transmettra sa passion pour la musique. Il possède deux frères cadets qui deviendront peintre et professeur de philosophie aux États-Unis et se marie à l’écrivaine Françoise Xenakis. Dès son plus jeune âge, Iannis Xenakis baigne dans une atmosphère musicale : sa mère lui offre une flûte et souhaite qu’il s’adonne à la musique. Il fît ses études a Athènes en école préparatoire et se passionne pour les mathématiques, la littérature grecque et étrangère, en même temps qu’il approfondit l’étude de la musique. Par la suite il émigre a Paris ou il fut l’élève d’Olivier Messiaen. Pendant douze ans il fut le collaborateur de Le Corbusier et participe a la conception du monastère de la Tourette et des édifices de Chandigarh. A partir des années 1960 il se consacre entièrement a la musique, et initie la musique stochastique qui intègre le calcul ce probabilités dans la conception musicale. Source : Wikipédia
Présentation du modèle :
Xenakis imagine une ville verticale en s’inspirant de l’architecture traditionnelle japonaise :
Au fil de son texte, Xenakis nous illustre son modèle de Ville Cosmique avec une dimension spatiale verticale très importante, une ville pouvant atteindre des altitudes de plusieurs milliers de mètres. En effet, il nous présente sa tour idéale avec une altitude de 5000 mètres de hauteur, la verticalisation est le point central de son modèle. Ses grandes tours pourraient donc accueillir un maximum de personnes pour une occupation du sol minime, environ 2500 à 3000 habitants par hectares. La ville devrait donc avoir une dimension spatiale très particulière qui s’étend verticalement et non horizontalement. Du fait de la grande hauteur de la ville, l’auteur a pensé à une pressurisation, une humidification et une oxygénation artificielle pour les populations habitant dans les hautes altitudes de la ville.
Son objectif est de réduire les durées et longueurs des échanges au niveau des voies de communication pour éviter les déplacements au sein de la ville, Xenakis souhaite dans un premier temps supprimer tous les moyens de locomotions individuels sur roues pour pouvoir les remplacer par des transports commun, principalement aérien et rues roulantes.
Sur le plan social il veut un brassage socio-culturel et une mixité des habitants. Il imagine un mélange des classes sociales, laissant un brassage se faire d’une façon naturelle et vivante. Cela aurait pour effet de réduire les inégalités entre les classes sociales, en mettant par exemple les jeunes, la classe ouvrière, les personnes âgées et les politiciens tel qu’un ministre au même niveau avec les mêmes avantages.
Xenakis pense également a l’innovation et au progrès technique, pour lui réunir tout les centres économiques, sociaux, et de recherche au même endroit cela permettrait justement de favoriser l’essor de nouvelles technologies et donc la prospérité de la ville. Source : Livre de Xenakis
Représentation du modèle :
La représentation graphique du modèle de Ville Cosmique de Xenakis, reprend les principes de centralisation des villes. On retrouve de grands modèles architecturaux particuliers, ayant pour but d’accueillir un maximum de personnes. On peut alors constater l’espacement entre les zones urbaines, comme la volonté de Xenakis d’aérer l’espace entre les villes.
DESSIN DE LA VILLE IDÉALE SELON XENAKIS

Source : https://www.iannis-xenakis.org/ville-cosmique/
Mise en pratique du modèle :
La “Ville Cosmique” de Xenakis représente une utopie dans l’urbanisme. Son modèle est volontairement inconstructible, mais cherche à pousser les architectes et urbanistes à repenser leur vision, à l’élargir. L’objectif de son modèle étant d’empiler les populations et les lieux d’intérêt afin d’”aérer” l’occupation du sol entre les villes, on peut penser que certaines villes s’en sont inspirées. On a notamment la ville de Tokyo, reconnue comme ayant la plus grande densité de population dans le monde avec 5900 habitants/km². Pour parvenir à une telle densité, on retrouve des quartiers résidentiel vertical comme l’exemple ci-contre des résidences de Roppongi Hills, comportant 54 étages. On y trouve un musée d’art contemporain, le musée d’Art Mori.

Ainsi, bien que le modèle de Xenakis paraisse impraticable dans le monde, centaines villes tendent à s’en approcher par le besoin d’augmenter leur capacité à recevoir le monde croissant. La diversification des loisirs et la large quantité de populations retrouvées dans ce genre d’immeuble vertical, nous rappelle les principes du modèle de la Ville Cosmique.
Conclusion : ce qu’on garde et ce qu’on rejette du modèle
Pour conclure, le modèle de Xenakis est discutable. En effet, on appréciera sa volonté de récupérer de l’espace entre les différentes villes, et de réduire l’étalement urbain. Par ailleurs, son objectif de brassage de population et de promouvoir l’accès aux différents centre économique, sociaux et culturel pour tous est intéressant. Cela permettrai un épanouissement de la population et une élévation culturelle et intellectuelle pour celle-ci. Cependant, bien que le fond ait des objectifs logiques et pertinents, ses moyens de mises en forme peuvent être débattus. De fait, la verticalisation de la ville peut rapidement avoir un effet d’étouffement pour la population, et de manque d’individualisation. De plus, l’artificialisation des systèmes de ventilation et d’humidification de l’air, nécessiterait une source d’énergie importante, alors que celles-ci peuvent être faites naturellement sur un étalement de ville horizontale.
D’autre part, son manque de mention à la végétation dans son modèle nous amène à remettre en question son intégration dans son concept de ville idéale. Cela s’ajoute à son manque de précision quant à l’utilisation des espaces vides entre les différentes villes, créés par la verticalisation de celles-ci. On peut ainsi se demander, quels seraient l’avantage de ces espaces dans le cas de ce modèle.
Source : Sven Sterken : Iannis Xenakis, Ingénieur et Architecte