La Cité-Jardin
“La ville et la campagne peuvent être “considérées comme deux aimants, chacun cherchant à attirer à lui la population, rivalité dans laquelle une nouvelle forme de vie, participant des deux premières, vient s’interposer.” – Howard
Dans son ouvrage Demain : Une voie pacifique vers la réforme sociale (1898), Ebenezer Howard (1850-1928), un urbaniste britannique du XIXe siècle, développe son modèle de Cité-Jardin. Il évolue dans l’époque où le modèle progressiste se répand universellement avec de nouvelles préoccupations qui émergent tels que l’hygiénisme, la planification rationnelle et le fonctionnalisme. Cependant, Howard se place du côté du modèle culturaliste qui se focalise d’avantage sur les dimensions culturelles, sociales et historiques de la ville. C’est sous cette approche qu’il fonde la Cité-Jardin qui consiste à allier ville et campagne en conciliant les avantages de ces deux environnements tout en évitant leurs inconvénients respectifs. D’une part, nous retrouvons l’Aimant-ville qui offre une vie sociable attirante et dynamique, des hauts salaires et des opportunités d’emplois, mais souffre de prix élevés, de pollution et d’un certain chaos. Tandis que l’Aimant-campagne offre un cadre de vie agréable avec un environnement qui mêle air frais et beaux paysages et des loyers peu élevés, provoquant cependant des salaires bas. Howard répond donc à ce constat en imaginant une ville, la Cité-Jardin, qui repose sur une organisation planifiée, équilibrée et autosuffisante dont nous allons à présent exposer les principes.
Exposé des principes du modèle
Tout d’abord, la Cité-Jardin d’Howard prend la forme d’une ville circulaire de petite taille avec un diamètre de près d’1.1km. Cette dernière s’organise de manière à ce que tous les services dont les habitants ont besoin soient à portée demain, et en peu de temps. On peut noter que cette ville s’organise en plusieurs couches. Tout d’abord, nous retrouvons un parc central, ensuite les logements et jardins communautaires, puis les commerces ou services bruyants. Autour de la ville, se trouvent des rails et enfin, une ceinture de végétation indiquant la limite de la ville. De plus, la ville est traversée jusqu’en son centre par de très larges boulevards auxquels aucune habitation ne doit être superposée, ce qui lui donne un aspect aéré. On retrouve effectivement dans ce modèle la volonté d’Howard de mettre le confort des habitants au cœur de sa solution. La ville est bien évidemment pensée pour accueillir un certain nombre d’habitants (plus de 5000 logements) afin qu’assez de monde puisse profiter du confort offert par un tel modèle. De plus, il recherche un esprit communautaire et une mixité sociale importants pour sa ville. Les maisons seront de taille modérée ouvrant leurs portes aux personnes au revenu très faible (les ouvriers par exemple) et elles seront entourées de jardins et potagers collectifs ayant pour but de renforcer les interactions sociales entre les habitants. Howard se penche également sur l’aspect économique de sa ville. Les entreprises implantées autour ne sont pas dans l’obligation de vendre uniquement à l’intérieur de la ville dans laquelle elles sont implantées mais peuvent tout à fait exporter leurs produits à l’extérieur, d’où la présence de chemin de fer. Aussi, tous les terrains sont détenus par la communauté évitant une flambée des prix de l’immobilier et donc la spéculation des prix.
Représentation du modèle

Figure. Schéma détaillé du modèle de Cité-Jardin par Howard
Exemple de mise en pratique du modèle
Tout d’abord, nous retrouvons ce modèle en Angleterre, notamment dans les villes de Letchworth garden city et Welwyn garden city, qui ont été réalisées selon ces principes. Et de manière générale, le modèle d’Howard a énormément influencé l’urbanisme moderne. En France, c’est Georges Benoît-Lévy qui l’a popularisé en l’appliquant dans la banlieue parisienne dans les années 30. Combiné aux préoccupations environnementales actuelles, cela a eu une influence sur le modèle d’écoquartiers et de ville durable.

La ville et la campagne peuvent être “considérées comme deux aimants, chacun cherchant à attirer à lui la population, rivalité dans laquelle une nouvelle forme de vie, participant des deux premières, vient s’interposer. “Demain : Une voie pacifique vers la réforme sociale” (1898) – Ebenezer Howard
Conclusion
Le concept de Cité-Jardin d’Howard reste une source d’inspiration majeure pour l’urbanisme actuel. Il propose une vision équilibrée et humaine de la ville, intégrant nature, bien-être et organisation rationnelle, tout en posant les bases de réflexions modernes sur l’aménagement des territoires. Cependant, ce modèle contient des limites concernant sa réalisation avec des limites comme l’autosuffisance, difficilement atteignable dans notre société qui se composent majoritairement de villes interconnectées. Enfin, il serait difficile de l’adapter dans des villes actuelles du fait de la forte densification urbaine. Par ailleurs, cela permet de poser des bases de réflexions pour les projections de modèles actuels ainsi que des initiatives tels que les écoquartiers.
Sources
- Merlin, P. (2015) . Les théories fondatrices de l’urbanisme. L’urbanisme. ( p. 24 -51 ). Presses Universitaires de France. https://shs.cairn.info/l-urbanisme–9782130617624-page-24?lang=fr.
- Ressources numériques – Cités Jardins. (2023, August 9). Cités Jardins. https://www.citesjardins-idf.fr/les-ressources/ressources-numeriques/
- Demain: une voie pacifique vers la réforme sociale (1898) -Ebenezer Howard
- Image. Welwyn Garden City centre ville de l’Howard Center, Hertfordshire, Angleterre. Alamy Images. https://www.alamyimages.fr/welwyn-garden-city-centre-ville-de-l-howard-center-hertfordshire-angleterre-image67872135.html